[July for Loki] Relation Loki – Odin

Si l’on prend le temps d’y réfléchir, une relation entre deux personnes ne prend jamais vraiment fin. Une fois qu’elle a été nouée, quelle qu’en soit la raison, son influence pèse sur la vie des protagonistes et j’irais presque jusqu’à dire même au-delà.

Mais une relation ne peut pas rester telle qu’elle est au fil du temps : les individus évoluent, la relation aussi.

Le temps et l’espace peuvent séparer même les amis les plus proches voire en faire des ennemis farouches.

La justification des actes, la certitude du bon droit, le sens du devoir – et d’autres raisons encore – font que chacun peut rester campé sur ses positions avec un effet œillères qui peut virer au n’importe quoi.

Je suppose que les histoires de générations se succédant à se faire la guerre pour une histoire de vente d’âne controversée entre deux aïeux ne sont pas dénuées d’un fond de vérité.

D’un certain point de vue, la relation entre Loki et Odin s’apparente à celle de deux gosses immatures. Ils se lient, croyant sans doute fermement que l’identité de chacun, son vécu et son devoir n’influeraient pas sur les termes de ce pacte, dont les fondations resteraient toujours les mêmes quoiqu’il arrive.

Deux individus qui se lient ne peuvent le faire à l’écart de l’espace et du temps, libérés de toute influence extérieure. Même ce qui est bâti dans la pierre s’effondre un jour. La vie et la nécessité font que le lien entre eux passe au second plan, voire entre en conflit avec les autres obligations et dans ce cas, selon la priorité donnée par la subjectivité des acteurs, c’est parfois la relation qui ne pâtit. Ça n’a rien d’incompréhensible. Mais ça n’a rien de justifiable non plus. C’est un choix parmi d’autres, difficile, apportant son lot d’amertume, de culpabilité. La vie vous fait parfois bouffer de la vache enragée pour son plaisir.

Le temps passant, les fondations de ce lien auraient dû évoluer également, pour laisser la chose se transformer et ne pas dépérir. Dans notre univers, ce qui n’évolue pas se brise.

Ce qui est curieux, c’est que le futur n’en ait rien dit au vieux, ni même à qui que ce soit.

D’ailleurs, en ce qui concerne le futur, tout le monde, même Frigg, s’est superbement planté. On conforte le futur souvent en voulant l’éviter ; il tient compte de l’état présent et des réactions que l’on aura. Il tient donc compte aussi du fait qu’on le lit…

C’est plus la réaction des dieux face à Jormundgrandr et Fenrir que leur condition d’êtres gigantesques qui en a fait leurs adversaires. La peur, mauvaise conseillère, leur a fait prendre une décision hâtive et agir par manque de discernement.

C’est relativement la même chose pour Balder : il craint pour sa vie et Frigg décide de le protéger contre tout.

Enfin bref, il était certain ou du moins devinable que les choses ne pourraient pas rester ainsi entre Odin et Loki.

Une relation entre deux personnes implique toujours leur environnement.

Le problème, c’est que sur la fin les deux se font une guerre qui risque de détruire le monde, dont 95% n’a rien demandé. Bien entendu, une guerre c’est plus ou moins ça dans tous les cas, ça souligne d’autant plus son absurdité quand on voit d’où ça peut partir.

Si Odin était venu libérer secrètement Loki, les choses auraient été différentes. Oh, l’issue n’aurait peut-être pas changé, mais les choses auraient été différentes.

Nous avons toujours des tas de bonnes raisons pour nous taper dessus, nous reprocher des choses, nous garder rancune. C’est une réaction primaire. J’en arriverais presque à dire que malgré tout ce que nous pouvons claironner, nous voyons chez l’autre le verre à moitié vide.

Des raisons d’aimer et de pardonner par contre, il y en a beaucoup moins. L’indulgence passe pour de la faiblesse, le pardon pour de l’idiotie et de l’aveuglement. Nous avons tellement peur les uns des autres qu’il n’y a plus de sens de la mesure ; la premier signe négatif sert directement de seuil de non retour. Serions-nous tous sans défauts ?

Après, dans toute relation, il y a des choses à ne pas tolérer, des choses sur lesquelles il faut réagir, des choses qu’il faut laisser passer. Où se trouve la limite ? Je répondrais bien quelque chose de désagréable, mais on va rester sérieux : la limite, elle est comme les fondations du lien. Elle dépend des individus, des circonstances, de l’espace et du temps. Elle n’est pas non plus gravée dans le marbre.

Loki et Odin ont fait plus que se lier quelque part : ils sont devenus indissociables… la séparation n’en est que plus dure, d’autant qu’elle n’avait pas l’air inévitable.

A terme, qui peut dire si c’est pour le mieux ou non ? Mais que veut dire « mieux » ? Pour qui ?


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