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Loki raconte Midgard

« Midgard. Pour les dieux et les êtres qui viennent d’ailleurs c’est un endroit d’intérêt particulier. Il y a beaucoup à découvrir, beaucoup d’endroits différents, d’autochtones différents. C’est un monde en perpétuel mouvement.

Pour les humains, c’est un endroit frustrant et d’un ennui mortel. Les pauvres sont limités et en sont conscients : chaque jour voit survenir au moins un événement contre lequel ils n’ont pas la force de lutter, tout leur est difficile et compliqué. Ils doivent inventer des machines, se regrouper par critères dans un but précis, s’organiser, etc. Un vrai défi, et ça aurait pu être un jeu très amusant et divertissant. Sauf que les humains ne peuvent pas dire « pouce » pour arrêter le jeu et aller se reposer sur le banc. Fâcheux. Frustrant.

Fondamentalement ils n’ont rien d’autre faire dans leur existence que d’attendre la mort. L’ennui les consume et ils se sont inventé un monde et des règles dans tous les sens pour se persuader que leur vie a un but. Cela les divertit, les soulage, les empêche de s’angoisser. Certains imaginent même des choses dans l’après vie pour justifier que la leur est insupportable.

Je le comprends. Pas moyen d’utiliser la magie pour faire pousser des choses comme on veut, ni faire sortir de l’eau du sol ou construire une halle en plein milieu d’un champ. Impossible de déplacer des choses trop lourdes pour nous. Impossible d’aller seul ou bon nous semble et librement sans réduire dramatiquement son espérance de vie. Impossible de se changer en oiseau pour aller espionner ce que font les voisins. Impossible également dans ce cas de se faire inviter sous un prétexte fallacieux, profiter de la table et se barrer avec les restes et deux ou trois bouteilles sous le manteau. Pas moyen de déclencher une guerre sans recevoir des dommages collatéraux. Pas moyen non plus de s’enivrer sans finir avec un terrible mal de crâne. Pas moyen d’oublier la fatigue. Pas moyen de pouvoir envoyer tout le monde valser quand on n’a pas envie de les voir sur son chemin. Frustration constante.

Sur Midgard, par exemple, on ne peut pas dormir partout où l’on souhaite. Sinon les gens vont avoir peur de vous et à certains endroits, des groupes de gens habillés de la même façon sont à même de vous contraindre de les suivre par la force dans un endroit exigu et déplaisant.

La terre n’est plus à tout le monde. Les humains l’ont divisée selon leurs règles, comme si ça pouvait avoir un sens quelconque. Certains se sont même adjugé plus de terre que d’autres et font croire à ceux qu’ils « autorisent » à marcher dessus moyennant rétribution qu’il s’agit là d’un privilège et qu’avec une rétribution supplémentaire ils seront protégés. C’est très ingénieux et ça fonctionne très bien. Cela aurait pu être de moi.

On établit ensuite des hiérarchies selon lesquelles il y a des chefs et des non chefs. Les chefs ont plus de pouvoir que les non chefs, sous prétexte que c’est pour que le système fonctionne. On prétexte des tas d’autres choses pour que les non chefs ne se posent pas de questions et continuent à obéir. C’est très astucieux. Après, certains se rangent aux côtés des chefs pour avoir un statut, une partie du pouvoir et de la richesse qui va avec tant que cela dure.

En réalité c’est plus complexe que ça, mais nous avons là tout un système complexe de règles absurdes qui rangent les humains en leur donnant un axe de vie sensé leur apporter les commandements qu’ils devraient suivre pour obtenir satisfaction. Mais on ne leur a jamais parlé de satisfaction, et là c’est grandiose, ils l’ont imaginé tous seuls. Une fois lancée, me direz-vous, jusqu’où peut aller l’imagination ?

Encore un tour dont mes chers compatriotes asgardiens sont à l’origine et qu’ils ont laissé faire. Oh, minute. Ce ne sont pas mes compatriotes, je ne suis même pas de leur sang. Ouf. Cela m’aurait peiné d’avoir participé à cette infamie. »


[July for Loki] Loptr

Un des surnoms de Loki est « Loptr », qui signifie « air » ou « vent ». Sachant que le vent peut attiser ou souffler les flammes, on comprend qu’il soit « celui dépasse la flamme ».

Le vent est, comme tous les éléments, double, sous un angle manichéen : il disperse les choses, peut les mettre en désordre, attiser le feu, déchaîner la mer. Il peut aussi souffler le feu, calmer la peine, alléger la fatigue de l’esprit, inspirer. Le vent c’est aussi la musique, le souffle de la vie.

Mais le vent a cette particularité qu’il s’arrête toujours de lui-même. On ne sait jamais combien de temps il soufflera, ni avec quelle violence, mais on sait qu’il s’arrêtera, en emportant des choses avec lui et en en laissant d’autres qu’il a prises ailleurs.

Colporteur, il est la perte et le don réunis, sans considération d’équivalence ; il peut donner plus qu’il ne prend, ou l’inverse, ou faire disparaître des choses pour en amener d’autres qui n’ont rien à voir. Il est le changement.

Le vent ne commande pas, il n’asservit pas. On peut faire avec lui, sans lui difficilement, on peut s’en protéger. On ne peut pas l’ignorer, ni ses bienfaits, ni ses méfaits. Il a besoin de reconnaissance : « hého, je suis là ».

Il peut être désolation pour l’inconscient qui l’oublie, mais ce n’est pas par volonté, juste par nature. Il n’y a pas vraiment de traîtrise dans le vent : c’est sa nature que de s’engouffrer, soulever, déplacer.

Il n’accapare pas, il passe. Libre à celui qui veut l’empêcher de passer, bienheureux celui qui réussit à lui faire contourner son domaine.

Je trouve que ça correspond parfaitement à Loki.

Ça prend d’ailleurs un tout autre sens dans l’épisode du meurtre de Baldr : c’est Loki qui a guidé le tir de Höd. Si Loki est le vent, alors c’est le vent qui a guidé le tir de Höd.

Sauf erreur de ma part, il n’est dit dans aucun texte que Loki ait cherché à s’emparer du pouvoir. Il n’est dit non plus nulle part qu’il a cherché à corrompre les hommes et à les asservir.

Je vais me permettre une petite raillerie, pour ceux qui en ont fait un dieu du mal : Dark Vador a fait mieux les enfants.

Le vent peut colporter les paroles, il entend tout (ça rappelle l’épisode du collier dans le texte évhémériste Sörla þáttr). Il emporte avec lui les serments. De mémoire également, Loki n’a pas prêté de serment.

Certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, ni à entendre, et certains aimeraient que les paroles emmenées par le vent ne tombent pas dans les mauvaises oreilles. Ainsi ceux-là chercheraient à le museler (l’épisode avec le nain Brokk où l’on coud la bouche de Loki), à le traiter de menteur, à déformer ses paroles.

Globalement, dans la Lokasenna, Loki ne fait que dire la vérité. Bon, il est rond comme une queue de pelle, d’accord, mais ça ne change rien. Et c’est la vérité qui met les autres en pétard.

Enfin, pour finir, de manière positive : le vent s’est aussi le rire. C’est un pitre qui soulève les jupes, fait s’envoler les chapeaux, met les bateaux ou les cabanes à l’envers, fait s’accrocher des sacs poubelles sur les illustres statues ; à mettre en parallèle avec l’épisode où Loki fait rire Skadi.

J’ai sans doute omis d’autres aspects du vent, et je pense qu’on peut tous les rattacher à Loki. J’aime beaucoup le vent et je souhaite rappeler que Loki ne s’en ait jamais pris qu’aux dieux… et que ce sont eux qui l’ont fait entrer.


[July for Loki] Relation Loki – Odin

Si l’on prend le temps d’y réfléchir, une relation entre deux personnes ne prend jamais vraiment fin. Une fois qu’elle a été nouée, quelle qu’en soit la raison, son influence pèse sur la vie des protagonistes et j’irais presque jusqu’à dire même au-delà.

Mais une relation ne peut pas rester telle qu’elle est au fil du temps : les individus évoluent, la relation aussi.

Le temps et l’espace peuvent séparer même les amis les plus proches voire en faire des ennemis farouches.

La justification des actes, la certitude du bon droit, le sens du devoir – et d’autres raisons encore – font que chacun peut rester campé sur ses positions avec un effet œillères qui peut virer au n’importe quoi.

Je suppose que les histoires de générations se succédant à se faire la guerre pour une histoire de vente d’âne controversée entre deux aïeux ne sont pas dénuées d’un fond de vérité.

D’un certain point de vue, la relation entre Loki et Odin s’apparente à celle de deux gosses immatures. Ils se lient, croyant sans doute fermement que l’identité de chacun, son vécu et son devoir n’influeraient pas sur les termes de ce pacte, dont les fondations resteraient toujours les mêmes quoiqu’il arrive.

Deux individus qui se lient ne peuvent le faire à l’écart de l’espace et du temps, libérés de toute influence extérieure. Même ce qui est bâti dans la pierre s’effondre un jour. La vie et la nécessité font que le lien entre eux passe au second plan, voire entre en conflit avec les autres obligations et dans ce cas, selon la priorité donnée par la subjectivité des acteurs, c’est parfois la relation qui ne pâtit. Ça n’a rien d’incompréhensible. Mais ça n’a rien de justifiable non plus. C’est un choix parmi d’autres, difficile, apportant son lot d’amertume, de culpabilité. La vie vous fait parfois bouffer de la vache enragée pour son plaisir.

Le temps passant, les fondations de ce lien auraient dû évoluer également, pour laisser la chose se transformer et ne pas dépérir. Dans notre univers, ce qui n’évolue pas se brise.

Ce qui est curieux, c’est que le futur n’en ait rien dit au vieux, ni même à qui que ce soit.

D’ailleurs, en ce qui concerne le futur, tout le monde, même Frigg, s’est superbement planté. On conforte le futur souvent en voulant l’éviter ; il tient compte de l’état présent et des réactions que l’on aura. Il tient donc compte aussi du fait qu’on le lit…

C’est plus la réaction des dieux face à Jormundgrandr et Fenrir que leur condition d’êtres gigantesques qui en a fait leurs adversaires. La peur, mauvaise conseillère, leur a fait prendre une décision hâtive et agir par manque de discernement.

C’est relativement la même chose pour Balder : il craint pour sa vie et Frigg décide de le protéger contre tout.

Enfin bref, il était certain ou du moins devinable que les choses ne pourraient pas rester ainsi entre Odin et Loki.

Une relation entre deux personnes implique toujours leur environnement.

Le problème, c’est que sur la fin les deux se font une guerre qui risque de détruire le monde, dont 95% n’a rien demandé. Bien entendu, une guerre c’est plus ou moins ça dans tous les cas, ça souligne d’autant plus son absurdité quand on voit d’où ça peut partir.

Si Odin était venu libérer secrètement Loki, les choses auraient été différentes. Oh, l’issue n’aurait peut-être pas changé, mais les choses auraient été différentes.

Nous avons toujours des tas de bonnes raisons pour nous taper dessus, nous reprocher des choses, nous garder rancune. C’est une réaction primaire. J’en arriverais presque à dire que malgré tout ce que nous pouvons claironner, nous voyons chez l’autre le verre à moitié vide.

Des raisons d’aimer et de pardonner par contre, il y en a beaucoup moins. L’indulgence passe pour de la faiblesse, le pardon pour de l’idiotie et de l’aveuglement. Nous avons tellement peur les uns des autres qu’il n’y a plus de sens de la mesure ; la premier signe négatif sert directement de seuil de non retour. Serions-nous tous sans défauts ?

Après, dans toute relation, il y a des choses à ne pas tolérer, des choses sur lesquelles il faut réagir, des choses qu’il faut laisser passer. Où se trouve la limite ? Je répondrais bien quelque chose de désagréable, mais on va rester sérieux : la limite, elle est comme les fondations du lien. Elle dépend des individus, des circonstances, de l’espace et du temps. Elle n’est pas non plus gravée dans le marbre.

Loki et Odin ont fait plus que se lier quelque part : ils sont devenus indissociables… la séparation n’en est que plus dure, d’autant qu’elle n’avait pas l’air inévitable.

A terme, qui peut dire si c’est pour le mieux ou non ? Mais que veut dire « mieux » ? Pour qui ?


[July for Loki] Culpabilité

Loki, à travers les mythes,  et l’inclination au jugement des hommes, est vu sous le spectre de la culpabilité.

Pour mémoire, le coupable, c’est celui qui est bon à accuser : être reconnu comme « à l’origine de ».

Donc Loki c’est le coupable, parce qu’il est à l’origine de troubles, que ce soit le coup de la chevelure de Sif, celui de la mort de Balder, etc.

La logique d’aujourd’hui voudrait qu’il reçoive une punition, ce qui arrive en général, mais qu’en plus il soit pris de remords et qu’il ne recommence plus.

Or, Loki subit son châtiment (parce qu’il ne peut pas faire autrement), mais une fois qu’il se libère de ses chaînes en profite pour se venger ou pour recommencer.

Et là c’est l’incompréhension : « mais enfin il a été méchant, pourquoi qu’il comprend pas et qu’il veut encore être méchant ? »

Dans une société où l’on nous éduque à être responsables de nos actes, accepter nos fautes et les châtiments qu’elles méritent, Loki c’est un vilain. Très vilain.

On s’attendrait à ce que Loki soit rongé par la culpabilité. On ne comprend pas le fait qu’une personne qui a fait du tort se venge du châtiment reçu, le refuse ou recommence ses « erreurs ».

Le crime, la lésion, appelle réparation. Celui qui ne s’en acquitte pas est montré. Celui qui refuse cette dualité est montré.

Directement ou indirectement, on nous apprend à éprouver de la culpabilité si on fait du mal. Nous nous prêtons par ce biais plus de pouvoir que nous n’en avons.

Loki est à l’origine de fautes, de lésions.

La faute, c’est manquer à sa parole, à sa promesse, son serment. C’est induire en erreur.

L’erreur, est aussi le fait de se tromper de chemin, d’errer.

Et le troupeau ne veut pas se tromper de chemin. Mais quel chemin, quel objectif, sachant que nous avons tous le nôtre ?

Cette question fondamentale entraîne l’incertitude, le manque de confiance en soi, le manque de foi et l’impossibilité d’évolution.

Nous ne pouvons pas nous tromper de chemin, ni errer de manière absolue. Le seul égarement possible serait pour ce qui n’est pas bon pour nous et là encore, c’est parfois difficile à déterminer. C’est une préoccupation qui mériterait de disparaître de nos esprits.

La preuve en est que ce n’est pas parce qu’on n’a rien fait, ou qu’on n’a rien à se reprocher qu’on ne peut pas être pris à parti ou agressé. Cela ne sert à rien de se planquer. L’innocence n’est pas une armure.

On nous apprend à être « responsables », à assumer nos actes. On nous apprend à rendre des comptes sous peine d’être « montrés ». Vous vous souvenez sans doute les fameuses punitions devant tout le monde à l’école ? La crainte d’entendre son nom prononcé par le professeur comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire ?

Le sentiment de culpabilité devient la projection du regard des autres sur nous.

C’est aussi ce frein qui nous empêche d’agir et nous tétanise sur place.

Le mot « monstre » prend ses racine dans le verbe « montrer ».  Le monstre est celui qu’on pointe du doigt, qu’on « montre ».

En bien ou en mal, les personnes qui se démarquent sont « montrées ».  On emploie même parfois l’expression « monstre sacré ».

Ce résultat ne dépend donc pas de la valeur intrinsèque de l’acte mais bien du regard qu’autrui porte dessus.

On dit souvent que quand le gouvernement se trompe, il a à répondre au peuple et le peuple dispose des moyens de lui faire payer.

Mais que faire quand c’est le peuple qui se trompe ? Rien, c’est le peuple qui commande, parce qu’on ne peut pas montrer le peuple…

Le jugement du nombre a la vue courte puisque sa portée dans l’espace et dans le temps est limitée au regard humain. Ce jugement est donc par essence partiel et imparfait.

« Faites comme bon vous semble à condition de ne causer tort à personne ». Cela ne veut pas dire bon dans l’absolu mais bon pour vous ou ceux à qui vous souhaitez le bien. Et que faire si pour faire du bien à votre entourage, vous devez faire du mal à d’autres ?

Il n’y a pas de bon absolu et nous n’avons pas ce pouvoir, certainement pas.

Notre vision et notre ambition sont beaucoup trop vastes en ce domaine. On abandonne souvent car on ne pense pas arriver à combler le vaste objectif que l’on se donne, et l’on se dit que ça ne vaut pas la peine, on désespère avant de faire. Réduire ce champ de vision permettrait d’être plus au clair et en phase avec notre existence.

La transcendance est une chose, l’aveuglement de se gargariser de grande réalisation en est une autre. Nous ne sommes pas maîtres de cela.

Si l’on pose Balder en institution et en représentation d’un absolu, surtout invincible : trouvez-vous une bonne chose l’existence d’un tel être dans ce monde ?

Je n’en suis pas si sûr. Balder est un monstre également, d’une certaine manière.

En agissant comme il l’a fait, Loki a aidé non pas à rétablir l’équilibre, mais la balance des forces. Un mal pour un bien. Pourtant il est toujours coupable et vu comme méchant. Oui, « vu ».  Et cette vision déforme tout. Ce qui est montré est déformé d’autant plus par ce regard. Cela fait d’un serpent qui se mord la queue et ne peut pas bouger au fond de l’océan une créature qui attaque les navires et détruits les villages côtiers.

« Nombreux sont les vivants qui mériteraient la mort et les morts qui mériteraient la vie. Pouvez-vous leur rendre, Frodon ? Alors, ne soyez pas trop prompt à dispenser mort et jugements. Même les grands sages ne peuvent connaître toutes les fins. » (Gandalf dans le Seigneur des Anneaux)

Quand vous avez quelque chose à reprocher à quelqu’un par ses actes ou ses dires, c’est la plupart du temps votre propre peur de la culpabilité que vous projetez. Il en est de même avec les dieux.

Honnêtement, arrêtez de projeter, c’est étouffant, et commencez à vivre.

Si quelque chose vous semble tellement évident que vous ne pouvez pas vous empêcher de le dire, c’est probablement que vous avez tort. Taisez-vous d’abord, réfléchissez ensuite et ne parlez qu’après.

 

A Jormundgandr 😉


[July for Loki] La rune Kenaz

A mes heures perdues, j’ai eu l’idée – je ne suis peut-être pas le seul, mais ça m’est venu comme ça – de retranscrire en images ma façon de voir les runes et de ressentir leur énergie.

Je voulais essayer d’exprimer visuellement et physiquement, si l’on peut dire, ma façon de les percevoir.

Loki est souvent associé à la rune Kenaz, qu’on dit représenter la torche.

Je ne l’avais pas encore faite ; la voici donc pour le Loki’s project :

Runes Kenaz

Rune Kenaz


[July for Loki] Deuxième jour, humour

C’est une blague qui m’est revenue après avoir lu cet article : Sit God. Stay God. Good God.

Le sujet, bien que sérieux, prend des airs légers dans ce discours. Mais voici la blague :

C’est un cambrioleur qui vient d’entrer dans une maison, et commence à fouiller pour trouver comme il se doit des objets de valeur.

Soudain, il entend une voix :

– Attention, Jésus te regarde !

Il se fige, commence à avoir des sueurs froides, regarde autour de lui, écoute attentivement : rien. Il continue donc son forfait.

De nouveau la voix :

– Attention, Jésus te regarde !

Cette fois, certain qu’il n’y a personne dans la maison, il se dirige avec sa lampe vers l’endroit d’où semble provenir la voix et tombe sur un perroquet.

Paniqué par la lumière de la lampe torche, ce dernier répète :

– Jésus te regarde ! Jésus te regarde !

Alors le voleur se met à rire et demande à l’oiseau :

– Comment tu t’appelles mon gars ?

– Coco.

– C’est pas un peu pourri « Coco » pour un perroquet ?

– Et « Jésus » pour un pitbull, c’est comment ?!

 

 

 


[July for Loki] Ni dieu ni maître

Suite à la lecture de cet article : July for Loki, j’ai décidé de participer, avec Aranna.

Je ne suis pas certain d’arriver à suivre quotidiennement. En fait je dirais plutôt qu’honnêtement je suis certain de ne pas arriver à suivre quotidiennement. Mais peu importe, l’idée m’a séduite et je tiens à faire de mon mieux. Loki est pour moi une divinité plus qu’importante, quasi vitale et j’oserais dire salvatrice.

Je lui dois beaucoup. Je pense même que nous lui devons tous beaucoup, qui que nous soyons.  Bien. On arrête-là le quart d’heure dithyrambique.

Pourquoi « ni dieu ni maître » ? C’est un vœu d’indépendance. En quelque sorte. Si on veut. Ça pourrait passer pour un slogan de souveraineté.  Ça ressemble plus pour moi à la bravade de l’enfant qui veut s’émanciper.

Quand on n’a ni dieu ni maître, on n’a rien contre quoi se rebeller. On n’a personne à qui réclamer sa souveraineté. On n’a rien à combattre.

A la base, soyons sûrs que nous aurons toujours dieu ou maître devant nous, de même que nous pouvons être maître à notre tour. C’est ça qui donne la valeur des choses (j’ai l’impression d’entendre Perceval quand il dit que l’important c’est les valeurs).

Je suis partisan de l’idée qui dit que l’on ne peut être courageux que lorsque l’on a peur. De la même façon, un combat ne peut avoir de valeur sans enjeu. Mais là où je ne suis pas d’accord avec la plupart des gens, c’est que pour moi, le prix du combat, c’est le combat lui-même. J’ai, je le confesse, une haine quasi vicérale pour les vainqueurs qui se gargarisent de leur succès auprès des autres ; ce sont des déchets. Là-dessus, je suis sans doute en désaccord avec Sigföðr, et encore. Il est important de célébrer sa victoire et de célébrer ses combats. Il ne sert à rien de tenter d’écraser les autres avec des victoires passées ; les vainqueurs d’aujourd’hui sont les vaincus de demain.

On ne peut pas vraiment appeler un combat quelque chose qu’il ne nous coûte pas de faire. Quelque chose qui n’est pas en quelque sorte risqué. Le vrai signe d’une certaine indépendance, d’une certaine souveraineté, c’est justement d’arriver à aller contre ce qui se dresse sur notre chemin. Même perdant, aller contre quelque chose, c’est une façon de s’élever.

Loki, de ce point de vue, est un spécialiste. Déjà parce qu’en temps normal, il est à l’origine de pas mal de problèmes, ce qui est aller contre les autres dieux mais aussi sans doute contre la monotonie. Même un dieu ça s’encroûte si ça ne fait rien.

Et quand je relis la Lokasenna, je me dis : « quand même, le type, il sait très bien qu’il est seul contre tous, il sait très bien qu’il va en prendre plein sa gueule et il y va quand même ». Stupide ? Non pas nécessairement. Les raisons d’un combat n’appartiennent qu’à celui qui l’entreprend. Ainsi Loki va contre tous, les attaque les uns après les autres, sur leurs vertus ou leur absence de vertus, ce qui les institutionnalise. Ben ça pour moi ça dépote. Si jamais il vous arrive d’avoir envie d’ouvrir votre mouille pour protester lorsque les autres se regardent en chien de faïence parce qu’il est évident que ce qui se passe c’est n’importe quoi et que pourtant tout le monde s’écrase et hoche la tête en signe d’assentiment, vous comprendrez. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas un devoir. Ce n’est pas sans risque. Ce n’est pas pour tous les jours (on reste humain, faut arrêter des fois). Pensez à Loki. Ce n’est pas l’idée de victoire ou de défaite qui doit pousser ou arrêter. C’est l’idée de combattre ou non. Dans tous les cas, vous devrez accepter le résultat (et vous reposer la question de combattre une prochaine fois). Mais si vous combattez, même si vous perdez, il y aurait cette flamme en vous qui brille et parfois qui brûle. Cette flamme c’est Loki. Même si vous avez tort, même si vous vous trompez. Le consensus et les institutions sont les meurtriers d’une société. C’est par la bataille des forces que se crée le mouvement, pensez-y.

Loki a été et est encore pour moi la flamme dans mes choix de combat, dans mes défaites, dans mes victoires, dans mes farces aussi.

C’est avec lui que j’ai appris à préférer le chaos à la nonchalence et à voir les choses autrements, sans dogme, sans avoir une lance coincée dans le…

Bien sûr, comme toute chose, il n’est rien qui vaille sans un minimum de mesure et de bon sens. Loki éclaire mais Loki peut aussi brûler. Mais est-ce la faute du feu si la mite qui s’approche trop près s’y brûle ?


Les tribulations de l’Indésirable

Après la lecture de la Lokasenna, une étrange théorie m’est venue. Elle est en corrélation avec le mythe de Balder, le fait que ce dernier est sans doute un ajout tardif et que Sturluson était chrétien.

Voici un résumé de la Lokasenna :

  • AEgir donne un banquet auquel Loki participe.
  • Loki tue un des serviteurs de ce dernier et se fait chasser.
  • Il revient et constate que ces derniers se sont remis à boire et continuent de se gausser. Il décide de semer le désordre et rentre en accusant les Dieux d’orgueil.
  • Bragi répond.
  • Loki parle à Odin de leur lien. Odin l’invite à entrer et déloge même Vidar pour que Loki ait un siège.
  • Loki asticote Bragi. Idunn calme le jeu, Gefjon raille un peu et Loki répond.
  • Odin lance la première insulte contre Loki. C’est probablement l’échange le plus virulent de tout le texte. Comme si Odin trouvait ça trop calme et voulait lancer la véritable action. Au passage, il parle à Loki de la destinée, ce qui n’a rien à faire dans le contexte.
  • Loki s’en prend alors à tous les autres sur leur fierté : Frigg est taxée d’adultère, Freyja de prostitution, Freyr d’avoir été idiot de donner son épée magique, Heimdall d’avoir un rôle pourri de gardien qui prend froid la nuit, et même Thor se fait railler avec l’épisode de Skrymir.

J’y voix deux choses :

  1. Le comportement des Dieux. Loki tue un serviteur, il est chassé mais après ils retournent boire et se gargariser les uns les autres de leur valeur guerrière. Loki leur démontre en attaquant leur fierté qu’ils n’ont pas de quoi se vanter.
  2. Le comportement d’Odin. C’est lui qui invite Loki à s’asseoir à son retour mais c’est lui qui envenime vraiment la situation en lui parlant d’abord de destinée, suite à la réponse de Loki à Gefjon.

Bizarrement, cela me fait penser à un jugement et une orchestration. On pourrait penser qu’Odin, qui connaît la destinée d’après ce qu’il dit, aurait orchestré avec le concours de Loki les événements menant au Ragnarök.

Il pourrait même avoir orchestré la mort de Balder, afin de mettre ce dernier à l’abri en Helheim, car on sait que Balder revient après le Crépuscule des Dieux.

Pourquoi ?

Eh bien, nous savons que les Dieux nordiques sont mortels, et que seules les pommes d’Idunn leur permettent de conserver la jeunesse. Une longue vie, quelque peu artificielle puisque sans les pommes les Dieux sont sensés mourrir, entraîne nécessairement une dégradation de l’esprit. Ainsi les Dieux n’ont plus leur vertu d’antan, vertu dont ils ne cessent pourtant pas de se gausser. Odin a très bien pu voir cela et constater qu’il n’y a qu’une seule solution : un renouveau, radical. Aussi, il aurait pris les précautions d’usage et décidé de mettre en marche le Ragnarök.

Pourquoi ça se tient ? Parce que c’est du pain béni pour les chrétiens de l’époque : c’est une manière toute trouvée de montrer que les Dieux nordiques ne sont pas dignes de foi et qu’ils vont disparaître au profit d’un renouveau et d’un Dieu de lumière revenu du monde des morts… ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?

Quoiqu’il en soit, cela me fait surtout penser deux choses, et cela va certainement surprendre au vu de ce qui est expliqué ci-dessus :

– Odin a sans doute plus de profondeur encore que ce que l’on peut imaginer

– Loki n’est certainement pas le vilain qui est dépeint la plupart du temps, même s’il endosse le mauvais rôle.

Ces deux-là sont pour moi la clé de voûte (quoi c’est pas comme ça qu’on dit ?) du monde asgardien.